Pour une croissance bleue
13 juillet 2018
Économie bleue Aménagement du territoire Environnement et énergie
Le cluster maritime de Nouvelle-Calédonie organisait, lundi 9 juillet, sa deuxième Journée de la mer. L'occasion de mettre autour de la table les acteurs du secteur, économiques, institutionnels ou associatifs, pour débattre de sujets d’actualité et lancer les travaux de rédaction d’un « livre bleu » qui proposera les axes d’une stratégie maritime à l'échelle du pays.
Au lendemain du 10e anniversaire de l’inscription de nos lagons au patrimoine mondial de l’humanité et à la veille du classement en réserve des récifs les plus précieux du Parc de la mer de Corail, la Journée de la mer a réuni près de 120 participants dans l’auditorium de la province Sud. « Le sujet de la mer interpelle de plus en plus de Calédoniens », se félicite Lluis Bernabe, le président du cluster maritime de Nouvelle-Calédonie (CMNC), qui œuvre depuis 2014 pour placer ce thème au cœur des débats.
« Le gouvernement s’inscrit dans cette démarche, a rappelé le président Philippe Germain en ouverture de la rencontre. À travers le cluster, nous sommes à l’écoute des socio-professionnels pour développer le formidable potentiel que nous offre l’océan. En joignant nos forces, nous démontrerons que la préservation de ce patrimoine peut devenir une véritable source de croissance économique pour la Nouvelle-Calédonie. »
Un livre bleu en 2019
Trait d’union entre les acteurs socio-professionnels de la mer, le cluster est aussi leur « porte-crayon » pour la rédaction de propositions en matière de stratégie maritime partagée, qui prendront la forme d’un livre bleu attendu fin 2019. La Journée de la mer a donné le coup d’envoi de ce projet auquel une table-ronde était consacrée. « Cet ouvrage s’inspirera de publications existantes, comme le récent livre bleu des Outre-mer, les conclusions du Grenelle de la mer, NC 2025*, les travaux de l’Institut français de la mer**, etc., explique Lionel Loubersac, manager au sein du CMNC. Il s’agira d’un catalogue de propositions qui sera remis aux décideurs et sur lequel ils pourront s’appuyer pour développer la croissance bleue calédonienne. »
La structure du document, définie en amont par les groupes de travail du cluster, prévoit notamment un état des lieux détaillé, des outils de prospective tels que des scénarios possibles, et des pistes d’actions – à inventer ! Autre certitude : la philosophie du document qui « veillera à maintenir l’équilibre entre l’homme et la nature », précise Lluis Bernabé.
« Limiter la pollution à la base »
La Journée de la mer est aussi l’occasion de se pencher sur des sujets d’actualité. Comme l’impact des déchets en mer « car c’est là qu’ils finissent trop souvent, regrette Emma Colombin, seconde manager du cluster. Il est urgent de trouver des solutions pour limiter la pollution à la base, en complément des opérations de nettoyage qui doivent se poursuivre. Si, à la faveur des grands courants océaniques, la Nouvelle-Calédonie est épargnée des déchets venus de l’extérieur, ceux produits localement – des mégots aux gravats, en passant par les déchets industriels – doivent faire l’objet de circuits de traitement adaptés et d’une meilleure sensibilisation du public. Protéger nos récifs pristines n’a pas de sens si nos mangroves sont polluées et notre littoral, jonché de déchets… »
Un terrain de jeu à valoriser
La troisième table-ronde portait sur le développement des loisirs et des sports nautiques, vecteurs d’innovation et de croissance. Alors que la Calédonie compte de multiples champions du monde de paddle, voile, planche à voile, etc., le secteur peine à se développer. « Les freins sont multiples : problématiques liées aux assurances et à la reconnaissance des diplômes, manque de formations, réglementation inadaptée, absence d’un plan d’occupation des espaces maritimes comme il en existe pour les sols et l’urbanisme…, explique Lionel Loubersac. Affranchie de ces difficultés, la Calédonie pourrait à la fois valoriser son lagon – et au-delà – créer de nouveaux leviers de croissance « en accueillant, par exemple, davantage de grandes compétitions ou encore des essais de nouveaux matériels, comme les foils. » Autant d’idées qui devraient pouvoir trouver leur place au sein des 1,4 million de km2 d’espaces maritimes (zone économique exclusive et lagons réunis) dont dispose la Nouvelle-Calédonie.
*Schéma d’aménagement et de développement de la Nouvelle-Calédonie de 2013.
**« 11 000 000 de km2 pour quoi faire ? ». Question transposée pour le livre bleu en Nouvelle-Calédonie sous la forme « 1 400 000 km2 pour quoi faire en 2040 ? »
Le point sur les croisières
La Journée s’est refermée sur une présentation de l’activité des croisières, animée par la directrice de l’agence maritime Kenua et des représentants du district de Wetr à Lifou, où le premier toucher a eu lieu en 1995.
« Les habitants de Lifou ont su démontrer qu’un équilibre est possible entre croisières et aspects environnementaux, sociaux et économiques. Ce retour d’expérience doit nourrir les réflexions du secteur dont l’activité s’oriente à la baisse depuis 2016 », résume Emma Colombin. En effet, le nombre de touchers diminue (504 en 2016 contre 489 en 2017), la concurrence se durcit avec l’ouverture de nouvelles escales (Vanuatu, Australie, etc.) et la taille des bateaux augmente alors que les îles n’accueillent plus, depuis 2016, de navires d’une capacité supérieure à 3 800 passagers.
Si la Calédonie dispose d’atouts séduisants pour les compagnies (structures de soins et eau potable, notamment), la question d’ouvrir de nouvelles escales afin de rester concurrentiel se pose.
Un groupement pour la mer
Créé en 2014, le Cluster Maritime Nouvelle-Calédonie réunit 89 adhérents, contre 65 il y a un an.